Voyager, c'est ma plus grande passion. Alors quand j'ai appris durant ma première année à l'IUT que j'avais la possibilité d'effectuer une troisième année à l'étranger, j'ai tout de suite sauté sur l'occasion. Le choix du pays n'a pas été compliqué à faire pour moi car depuis quelques années je suis inexplicablement attirée par la culture latino-américaine. Mon école proposait le Mexique et, pour la première année, l'Argentine. Après 1,5 secondes d'hésitations, j'ai donc décidé que j'irais en Argentine, sans vraiment y réfléchir plus que ça, simplement parce que j'en avais envie et que ce pays m'attirais beaucoup. En deuxième année, mon choix a été validé par l'IUT. C'était donc officiel, j'allais partir étudier un an à Cordoba, toute seule et j'avais 8 mois pour m'y préparer. Durant cette période, j'ai suivi les aventures de Zoé, la première "cobaye" de l'IUT a avoir eu le courage de se lancer dans cette grande aventure en Argentine. Grâce à ses conseils, ses anecdotes et ses photos, j'ai donc pu commencer à matérialiser ce voyage et à l'attendre avec de plus en plus d'impatience. C'est donc tout naturellement que, 2 semaines avant le grand départ, j'ai commencé à sérieusement me bouger les fesses, grande rêveuse que je suis (qui a dit que communication et organisation allaient forcément ensemble ?).
Le problème quand tu es une fille de divorcés, c'est que tu dois constamment partager ton temps en deux (même en trois si tu as un amoureux, voir en quatre si tu as le malheur d'avoir des amis !). Les au revoir ont donc duré plus d'une semaine pour moi, ce qui fut assez éprouvant émotionnellement (c'est le moment où tu redeviens un bébé qui pleure sa maman). Mais l'excitation du voyage était pour moi plus présente que la tristesse de quitter tous mes proches (du moins pour le moment...).
Après avoir enfin réussi à faire une valise de 20kg (bon ok j'étais à 21kg, mais c'est passé quand même), je quitte le domicile paternel pour me rendre à l'aéroport de Genève. En arrivant à la frontière Suisse, une énorme boule se forme dans mon estomac et je me sens d'un coup très faible. Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai commencé à vraiment réaliser que je partais pour un an, dans un pays et une famille inconnus, loin de tout ce qui faisait mon quotidien jusqu'à présent. Car même en préparant ma valise, j'avais la sensation de partir en vacances pour quelques semaines seulement.
Une fois mes billets retirés au guichet et ma valise laissée entre les mains d'inconnus, le plus dur est arrivé, dire au revoir à celui qui partage ma vie depuis 4ans (attention, séquence émotion). Tu sais c'est le moment où tu essaye de rester digne et de convaincre l'autre ainsi que toi-même que ça va passer vite, que tout va bien aller, qu'il ne faut pas s'inquiéter. C'est le moment où, en faisant la queue interminable pour passer la sécurité, chacun se regarde avec des yeux de chien battu sans savoir vraiment quoi se dire et en essayant de retenir ses larmes, car s'il y en a un qui craque, c'est foutu... Une fois la sécurité passée, plus de retour en arrière possible. C'est donc livrée à moi-même que je suis montée dans le premier avion qui m'emmena à Francfort.
Une occupation fort distrayante dans l'avion (merci Coco !) |
Arrivée en Allemagne, panique à bord, mon prochain vol n'est pas affiché sur le panneau des destinations ! Après quelques minutes de réflexions (oui je suis blonde), je comprend alors qu'il y a plusieurs terminaux dans cet aéroport (on m'avait pourtant prévenu qu'il était grand cet aéroport !) et que le panneau que je suis en train de regarder n'affiche que les destinations pour le terminal A, par lequel je suis arrivée. Je marche donc sans trop savoir où je vais, je marche, je marche, je marche... (je confirme il est immense cet aéroport, il ne faut pas avoir une correspondance trop courte, n'est-ce pas Mum & Sis ?), et j'arrive finalement au Terminal B qui affiche bien mon prochain vol : Francfort-Panama avec une escale en République Dominicaine (Salsa !). C'est parti pour 12h de vol, coincée dans la rangée du milieu, avec un écran devant moi ne proposant qu'un film et un épisode de série (soit 2h30 de distraction sur 12, merci Condor Airlines pour votre compassion), le reste étant payant. J'essaye tant bien que mal de dormir mais mes jambes d'1m ne rentre pas sous le siège de devant et se font écraser dans la rangée du milieu. Je discute alors avec mon voisin de galère, un Français/Italien qui part vivre en République Dominicaine pour un an dans l'espoir d'y trouver des pierres précieuses (bonne chance mec !).
Après 1h30 d'escale à Saint Domingue (arrivée de nuit, je n'ai rien vu de cette belle île malheureusement) et 2h30 de plus pour rejoindre le Panama, me voici en transit pour seulement 11 petites heures (merci les billets low cost !). Il est 5h du matin au Panama et en marchant dans ce grand aéroport quasiment désert, j'ai soudain un énooorme coup de blues. Je me sens seule, je me sens perdue et pour la première fois, je craque réellement. Dans ces cas-là, j'ai une mauvaise habitude de fumeuse, consumer le plus de cigarettes possible afin de passer mes nerfs et ce jusqu'à ce que les larmes cessent. Je demande donc à quelqu'un de l'aéroport où se trouve la salle fumeur et ce dernier me répond "No señora, no se puede fumar en este aeropuerto !". Pardon ? Quoi ? Non je ne comprend pas, c'est pas possible, il y avait une salle fumeur dans le minuscule aéroport de Saint Domingue (ou plutôt un bar où, si tu achètes un café, le serveur te permets de rester fumer), et il n'y en aurait pas ici ? Je persévère et redemande à une, deux, dix personnes, qui me donnent toutes la même réponse, jusqu'à la onzième qui me dit en chuchotant et avec un clin d'oeil "Va fumer dans les toilettes, je le fais des fois" ... Really ?? Désespérée, je me rend donc aux toilettes, je m'enferme dans la cabine handicapée (plus d'espace pour étaler mon chagrin) et fond en larmes lamentablement. J'essaye de pleurer en silence (il y a une dame qui met un temps fou à se recoiffer), puis une fois enfin seule, j'allume ma sacré sainte cigarette (j'ai l'impression de retourner à mes années d'internat où tout se faisait en cachette) que je ne finis même pas puisqu'une autre dame rentre dans les toilettes (on ne peut donc pas être tranquille pour faire des choses interdites ??). Je parviens finalement à calmer mon chagrin et à me reprendre. Pour passer le temps je discute avec une dame qui travaille ici. En apprenant que j'ai 11h d'attente ici, elle me dit que je peux sortir de l'aéroport et me propose de m'emmener en ville une fois son service terminé. La proposition est tentante, mais une petite voix dans ma tête me dit : "Non ce n'est pas une bonne idée, tu ne vas jamais revenir, tes organes vont se retrouver sur le marché noir et ta famille va recevoir une lettre de rançon !". Alors je décline gentiment la proposition mais décide de sortir quand même de l'aéroport, histoire de pouvoir fumer "légalement", du moins c'est ce que je croyais... Quelle erreur n'ai-je pas faite en voulant demander à un policier, la cigarette à la main, comment faire pour re-rentrer dans l'aéroport ! Ce dernier m'a regardé de haut en bas et m'a répondu, d'un être supérieur : "Ne fume pas ici ! Va plus loin, fini ta cigarette et reviens me demander après !". Sur le coup je n'ai pas compris sa réaction, et c'est quelques minutes plus tard que j'ai compris quand un Anglais, me voyant fumer, m'a dit de faire attention à la police locale qui ne tolère pas que les étrangers fument n'importe où. Mais pourquoi ?? Aucune raison valable apparemment, simplement un racisme ambiant. Il n'est donc pas bon d'être étranger ET fumeur au Panama ! Pour résumer, j'ai donc passé ces 11h d'attentes à pleurer, marcher, fumer, manger, attendre et dormir (palpitant), pour finalement prendre mon dernier vol qui allait m'emmener vers ma ville adoptive pour l'année.
La Cordillère des Andes |
L'Amazonie - un des poumons de notre chère Terre |
Dans l'avion pour Cordoba, j'ai pu admirer des paysages magnifiques. j'ai survolé un bout de la cordillère des Andes ainsi que la forêt Amazonienne. Cette dernière m'a coupé le souffle ! Du dessus, on voit un immeeeense champ tout noir à perte de vue, seulement traversé par le fleuve Amazone qui serpente et zigzague dans tous les sens (la photo ne rend vraiment pas aussi bien que la réalité de ce que j'ai pu voir). Et puis enfin, ENFIN, après 38h de voyage, j'arrive à Cordoba et m'apprête à rencontrer Betty, ma maman pour l'année ! Mais en sortant de l'aéroport, pas de Betty... Je l'appelle sur son portable, pas de réponse (surtout ne pas paniquer, surtout ne pas paniquer... trop tard !). J'appelle sa fille, Adriana, qui décroche (alléluia !). À ce stade du voyage, mon cerveau est déconnecté et je n'arrive pas à aligner plus de 3 mots en espagnol alors quel ne fut pas mon bonheur en entendant Adriana me parler et me rassurer en Français ! Apparemment l'université avec laquelle je fais l'échange n'a pas envoyé le bon horaire d'arrivée à ma famille d'accueil (5h30 du matin au lieu de 00h37...), mais Betty arrive finalement 40min plus tard. Elle me fait un énorme câlin et s'excuse mille fois de m'avoir fait attendre, mais ça met bien égal d'avoir attendu, car je suis enfin arrivée, saine et sauve, et ma nouvelle famille m'accueille à bras ouvert. L'aventure commence bien !
Arrivée à Cordoba de nuit |
Je ne peux que féliciter ma remplaçante qui, beaucoup plus organisée que moi, commence ce blog à temps et le mènera plus loin que moi j'en suis sûre ;)
RépondreSupprimerC'est avec plaisir que je vais lire et lire et lire ce blog Lucile, PROFITE!!
Merci Zoé je suis contente de t'avoir comme lectrice ! Ce blog ne va rien t'apprendre mais j'espère qu'il pourra compléter le tien que j'ai tellement aimé lire, ton style d'écriture est vraiment agréable à lire, tu devrais le terminer jusqu'au 365ème jour ! :)
SupprimerC'était l'idée, je pensais trouver un peu de temps cet été mais les retrouvailles ça prend du temps!
SupprimerC'est mon grand regret de ne pas avoir été assez assidue là-dessus
Beaucoup de plaisir à lire ton aventure, courage pour la suite :))
RépondreSupprimerMerci beaucoup Nerma ! Ça me fais plaisir que tu aimes mon article :) Oh du courage il en faut pas temps que ça, plutôt de la curiosité ;) bisous
SupprimerContinu comme ça je suis impatiente de lire la suite de ton aventure! Gros bisous et courage!
RépondreSupprimerPierrette mardi 12 août
RépondreSupprimercoucou Lucile ,je viens de relire ta prose que j' avais parcourue un peu rapidement à Aurillac la semaine dernière .J' attends impatiemment ta prochaine production.Je viens d' envoyer les coordonnées de ton blog à la famille Alazard et Louis afin que chacun puisse te suivre et te donner des nouvelles .Gros bisous